Analyse de la politique de gestion des risques pour la santé - Principes décisionnels
Dans leur examen des divers cadres de gestion des risques utilisés par des organismes du monde entier, Jardine et al. (2003) proposaient dix principes pouvant guider le processus décisionnel de gestion des risques. Ces principes se fondent sur des valeurs et des principes éthiques fondamentaux et il faut les utiliser de manière flexible en tenant compte de la situation de risque existante. Bon nombre de ces principes ont été intégrés à l'approche du gouvernement du Canada.
1. Faire plus de bien que de mal (bienfaisance, non-malfaisance)
Comme il est impossible d'éliminer totalement les risques, toute décision nécessitera des compromis. Cependant, comme le but ultime de la gestion des risques est de prévenir les risques ou de les réduire au minimum, il faut prendre les décisions qui feront le plus de bien possible.
2. Instaurer un processus décisionnel équitable (équité, justice naturelle)
Les décisions en gestion des risques doivent être les plus équitables et objectives possibles compte tenu des circonstances de chaque situation. On peut faire preuve d'équité en accordant le même poids aux préoccupations de toutes les parties concernées, y compris les populations vulnérables et sensibles qui pourraient ne pas être en mesure d'exprimer leurs besoins.
3. Assurer une distribution équitable du risque (équité)
Pour assurer une distribution équitable du risque, les décideurs doivent mettre en balance le risque individuel et le bien-être collectif et veiller à ce que les gains privés ne l'emportent pas sur les valeurs publiques.
4. Assurer une utilisation optimale des ressources limitées en gestion des risques (utilité)
Comme les ressources disponibles pour réduire les risques sont toujours limitées, elles doivent être allouées de façon efficiente afin de maximiser la réduction des risques ou le bienfait global.
5. Ne pas promettre plus que ce qui peut être accompli (honnêteté)
Une gestion honnête des risques permettra d'éviter les conflits et les attentes irréalistes impossibles à satisfaire. On peut faire preuve d'honnêteté en comprenant et divulguant les limites du processus d'évaluation et de gestion des risques.
6. Ne pas imposer plus de risques que vous n'en toléreriez vous-même (la règle d'or)
Les décideurs peuvent respecter ce principe en s'efforçant de comprendre les points de vue des personnes touchées et d'en tenir compte de façon proactive et en encourageant la participation des intéressés à l'étape d'identification des risques.
7. Agir avec prudence face à l'incertitude (il vaut mieux prévenir que guérir)
Face à l'incertitude concernant les risques graves et irréversibles possibles, il est recommandé de faire preuve de prudence et de réévaluer les décisions au fur et à mesure que de nouveaux renseignements deviendront disponibles.
8. Favoriser une processus décisionnel éclairé en matière de risque pour tous les intervenants (autonomie)
Étant donné leur droit à l'autodétermination et à un processus décisionnel éclairé, les membres du public devraient participer à la prise des décisions qui touchent leur vie et avoir accès à toute l'information disponible requise pour prendre des décisions éclairées.
9. Les processus de gestion des risques doivent être flexibles, évolutionnaires et ouverts aux nouvelles connaissances (évolution, évaluation, processus itératif)
Les processus de gestion des risques doivent être flexibles afin de tenir compte des nouvelles informations au fur et à mesure qu'elles deviendront disponibles. En conséquence, les décisions devraient être constamment révisées et modifiées si nécessaire.
10. Il est impossible d'éliminer totalement les risques (la vie n'est pas sans risque)
Comme il est impossible d'éliminer totalement les risques de notre environnement, on ne peut pas définir la sécurité en termes de risque nul. La décision de gestion devrait donc viser un niveau de risque suffisamment faible pour être considéré comme sécuritaire.
Références:
Jardine C.G., Hrudey S.E., Shortreed J.H., Craig L., Krewski
D., Furgal C. and McColl S. (2003). Risk management frameworks
for human health and environmental risks. Journal of Toxicology
and Environmental Health, Part B. 6: 569–641.
Government of Canada, (May 2000). A Framework for Science and
Technology Advice: Principles and Guidelines for the Effective
Use of Science and Technology Advice in Government Decision Making.
Industry Canada. online: http://dsp-psd.pwgsc.gc.ca/Collection/C2-500-2000E.pdf.
Government of Canada. (2003). A Framework for the Application
of Precaution in Science-based Decision Making about Risk.http://www.pco-bcp.gc.ca/docs/information/publications/precaution/precaution-eng.pdf
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