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Acceptabilité des risques

Historique de l’acceptabilité des risques

Au cours des années 1970, l’acceptabilité des risques publics reposait habituellement sur les statistiques de mortalité et la notion du risque de minimis selon laquelle certains risques sont tellement petits et négligeables qu’ils n’inquiètent pas la société. Selon le principe du risque de minimis, si on arrive à ramener le risque à moins d’un décès additionnel par million d’individus, ce risque est de fait nul et peut être considéré « essentiellement sécuritaire ».
Tout au long des années 1980, les modèles ont été remaniés afin d’intégrer des valeurs sociales à la théorie des risques, ce qui a montré que l’acceptation du risque est étroitement liée à la perception des dangers. Les relations sociales familières influent sur l’acceptabilité des risques et montrent que l’analyse des risques ne peut être fondée uniquement sur les statistiques de mortalité ou le nombre de décès (Slovic, 1987; Vlek et Stallen, 1981).

Le paradigme psychométrique, le modèle le plus largement adopté, conçoit le risque comme un construct psychologique s’inspirant de diverses caractéristiques importantes qui influent sur l’acceptabilité et la perception des risques (Slovic, 1987). Un autre modèle populaire élaboré à la même époque était la théorie culturelle du risque en vertu de laquelle les individus étaient répartis dans différents groupes culturels fondés sur les valeurs communes et les croyances semblables (Douglas et Wildavsky, 1982).

Selon le paradigme psychométrique, le risque en soi produisait des perceptions personnelles susceptibles d’entraîner son acceptation ou son rejet, tandis que la théorie culturelle soutenait que les caractéristiques de celui qui perçoit, outre le risque en soi, déterminaient les niveaux d’acceptabilité. Kasperson et coll. (1988) a ajouté à ces modèles en élaborant la théorie de l’amplification sociale des risques en vertu de laquelle certains risques perçus sont démesurément amplifiés par rapport à d’autres en raison de caractéristiques sociales, culturelles ou individuelles qui finissent par modifier les niveaux d’acceptabilité.
Les modèles plus récents d’acceptabilité des risques laissent entendre que le risque suppose la probabilité d’un événement négatif et la gravité perçue qui y est associée (Torrance et coll., 1996). Les individus perçoivent des liens unissant les événements et leur donnent un sens relatif qui incorpore des aspects des trois modèles précédents (Zwick et Renn, 2002; Rohrmann et Renn, 2000; Derby et Keeney, 1990).

Acceptabilité des risques

Pour que les risques soient acceptés par les individus et la société, ils doivent être mesurés d’une manière quelconque, de sorte que le risque en tant que concept fait intervenir d’autres dimensions. La probabilité d’un événement dangereux peut différer entre deux individus; le risque peut ne pas augmenter proportionnellement à l’exposition; le résultat d’un événement dangereux peut être reporté dans le temps; et il peut exister une multitude de résultats possibles. Le résultat attendu d’un danger donné à un moment donné est déterminé à la fois par le risque et par l’exposition. Dans le cas de certains dangers, le nombre de décès peut augmenter de manière exponentielle avec l’exposition ou il peut exister une limite sûre en deçà de laquelle le taux de mortalité n’est pas touché par l’exposition. Pour évaluer le degré d’incidence d’un danger, il faut tenir compte à la fois des niveaux de risque et d’exposition.

Contrairement aux premières évaluations statistiques du risque, la nature psychosociale intrinsèque de l’acceptabilité des risques a d’abord été étudiée au moyen des volets psychophysiques et psychométriques de la perception des risques (Slovic et coll., 1990; Tversky et Kahneman, 1974). Deux grands courants d’idée sont apparus simultanément. Selon le premier, le risque est reconnu comme un construct social, tandis que selon le second, des théories implicites de la perception des risques ont évolué chez les non­initiés et décrivent comment les risques sont évalués et acceptés ainsi que comment les décisions personnelles relatives à différents risques sont prises (Heimer, 1988; Lupton, 1999ab). Par conséquent, on a déterminé que l’acceptabilité des risques était une mesure de la tolérance pour le risque d’un individu découlant d’un construct social influencé par un certain nombre de facteurs acquis.

Références

Derby, S.L. and Keeney, R.L. (1990). Risk Analysis: Understanding "How Safe is Safe Enough". In T .S. Glickman and M. Gough (Eds.). Readings in Risk. (pp. 43-59). Washington, D.C.: Resources for the Future.

Douglas, M. and Wildavsky, A. (1982). Risk and Culture: An Essay on the Selection of Technical and Environmental Dangers. University of California Press (Berkeley). 221.

Heimer, C.A. (1988). Social Structure, Psychology and the Estimation of Risk. Annual Review of Sociology, 14: 491-519.

Kasperson, R., Renn, O., Slovic, P., Brown, H., Emel, J., Gobie, J., Kasperson, J. and Ratick, S. (1988). The social amplification of risk: A conceptual framework. Risk Analysis, 8(2): 177-187.

Lupton, D. (1999a). Introduction: risk and sociocultural theory. In D. Lupton (Ed.). Risk and sociocultural theory: new directions and Perspective. (pp. 1-11). Cambridge, UK: Cambridge University Press.

Lupton, D. (1999b). Risk and the ontology of pregnant embodiment. In D. Lupton (Ed.). Risk and sociocultural theory: new directions and Perspective. (pp. 59-85). Cambridge, UK: Cambridge University Press.

Rohrmann, B. and Renn, O., (2000). Risk Perception Research: An Introduction. In O. Renn and B. Rohrmann (Eds.). Cross-Cultural Risk Perception: A Survev of Empirical Studies. (pp. 11-43). Boston: Kluwer Academic Press.

Slovic, P. (1987). Perception of risk. Science, 236: 280-285.

Slovic, P., Fischhoff, B., and Lichtenstein, S. (1990). Rating the Risks. In T .S. Glickman and M. Gough (Eds.). Readings in Risk. (pp. 61-74). Washington, D.C.: Resources for the Future.

Torrance G.W., Feeny D.H., Furlong W.J., Barr R.D., Zhang Y. and Wang Q. (1996). Multiattribute utility function for a comprehensive health status classification system; Health Utility Index Mark 2. Medical Care, 34(7): 702-722.

Tversky, A. and Kahneman, D. (1974). Judgment under uncertainty: Heuristics and biases. Science, 185: 1124-1131.

Vlek, C. and Stallen, P. (1981). Rational and personal aspects of risk. ACTA psychologique, 45: 275-300.

Zwick, M.M. and Renn, O. (2002). Perception and Evaluation of Risks: Findings of the Baden- Wurttemberg Risk Survey 2001. Stuttgart: Center of Technology Assessment.

 


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