Science des risques pour la santé – Le poids de la preuve
Problème : Il n’est pas facile d’interpréter les comptes rendus d’études scientifiques et les opinions d’experts cités dans la presse non spécialisée. Quels critères pouvons-nous utiliser pour évaluer la véracité des conclusions scientifiques et opinions d’expert?
Contexte : L'évaluation des critères causals qui établissent un lien entre un facteur de stress et un résultat donné est étonnamment complexe. Pour ce faire, il faut souvent intégrer les données tirées de nombreuses études qui n'ont pas les mêmes conditions expérimentales et qui n'examinent pas les mêmes points définitifs. Beaucoup de questions scientifiques font l'objet d'arguments contradictoires que même les lecteurs avertis ont parfois du mal à soupeser. Les critères proposés ci-après faciliteront l'évaluation de la masse d'informations publiées sur un sujet donné.
Cadre d'évaluation
Tendances : Pour évaluer les allégations selon lesquelles des facteurs comme les contaminants environnementaux seraient d'une manière ou d'une autre nuisibles à la santé, on suggère d'examiner d'abord si la fréquence du problème de santé en question a changé avec le temps. Par exemple, si on soupçonne un contaminant particulier de favoriser le cancer du sein, il conviendra de déterminer si le nombre de cas signalés de ce type de cancer a augmenté depuis l’introduction de ce contaminant dans l’environnement.
Temporalité : Comme beaucoup de maladies prennent un certain temps pour se développer, il convient de mesurer la période écoulée entre le moment de l'exposition à la substance chimique suspecte et la détection de la maladie. Si la détection d'une substance suspecte dans l'environnement est antérieure à l'observation d'un changement de la fréquence de la maladie étudiée, l'hypothèse de causalité en sera confortée. Toutefois, si on peut prouver que la fréquence de la maladie étudiée variait déjà avant l'introduction d'un agent pathogène suspect, l'hypothèse selon laquelle cette substance serait à l'origine de la maladie ou en aurait favorisé l'apparition en deviendra moins crédible.
Cohérence des données : Si les contaminants environnementaux jouent effectivement un rôle dans l'évolution de certaines maladies, on peut supposer que des chercheurs travaillant indépendamment sur la question obtiendront des résultats similaires. Les tests effectués sur des animaux à l'aide de méthodes semblables devraient également donner des résultats comparables. La publication dans la documentation scientifique de résultats contradictoires est un signe que des facteurs autres que la substance suspecte pourraient entrer en jeu, que le poids de la preuve en faveur ou à l'encontre d'une hypothèse donnée doit être jugé insuffisant et que de nouvelles études sont nécessaires.
Plausibilité biologique : L'aspect plausibilité biologique examine de multiples secteurs de recherche qui aident à déterminer le mécanisme d'action pour les composés à l'étude. Il est essentiel d'examiner le mécanisme d'action d'une substance parce que ce critère est au cœur de l'évaluation globale qui permet de déterminer si une substance peut être considérée comme un perturbateur endocrinien.
De plus, la concentration à laquelle la substance suspecte est censée induire des effets négatifs doit rester compatible avec le taux d'exposition effectif des humains.
Réversibilité : Si un contaminant environnemental joue un rôle quelconque dans l'évolution d'une maladie donnée, son élimination devrait conduire à une réduction de l'exposition humaine et entraîner de ce fait une baisse de la fréquence de l'effet indésirable sur la santé.
Évaluation d'ensemble de la preuve : Les critères énumérés ci-dessus fournissent un cadre d'évaluation des preuves de l'existence d'un rapport entre l'exposition à une substance donnée et les effets observés qui nous préoccupent.
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